Situé au centre du Sri Lanka, le Rocher de Sigirîya, classé au patrimoine mondial de l’humanité, est sans doute le site le plus spectaculaire du pays. Entouré de douves et de jardins parmi les plus anciens au monde, Sigirîya, appelé aussi « Rocher du lion » (Simhagîri), symbolise à la fois le riche passé culturel du Sri Lanka et l’extravagance de ses paysages.
Si l’histoire de Sigirîya reste encore mystérieuse, on sait par d’anciennes chroniques que le rocher, né du magma d’un volcan éteint, a été érigé en citadelle à la fin du Ve siècle. C’est Kassapya qui après avoir tué le roi, son propre père, abandonna Anuradhapura comme capitale pour s’installer à Sigirîya en tant que nouveau souverain. Il choisit comme résidence cette forteresse naturelle jugée imprenable, afin de se préparer à la vengeance de son frère aîné exilé en Inde.
Le système conçu pour irriguer Sigirîya, des jardins jusqu’au sommet où se situait le palais, soit plus de 350 mètres au-dessus du niveau du réservoir, démontre toute l’habilité technique de l’ingénierie cinghalaise d’alors. On imagine aisément lorsqu’on parcourt les vestiges du palais, l’oasis minérale et végétale qu’il était, avec ses jardins aménagés, ses arbres dispersés à dessein et l’eau partout présente, dans la piscine du roi, les citernes, à travers les fontaines ou dans des bassins pavés couverts de fleurs de lotus.
Parmi toutes les particularités de Sigiriya, on remarque que les constructions épousent naturellement les formes géologiques du rocher, ce qui explique en partie comment la forteresse a pu être bâtie en seulement sept ans. Il est frappant de voir l’harmonie régner sur l’ensemble du complexe entre la nature et le génie humain.
Mais les secrets de Sigirîya, comme l’extraordinaire vue à son sommet, ne s’offrent qu’après avoir grimpé une série d’escaliers vertigineux accrochés aux parois abruptes du rocher. Mieux vaut s’y attaquer le plus tôt possible dans la matinée, pour éviter le plus gros des visiteurs, ainsi que les heures les plus chaudes du jour, car la montée peut devenir difficile pour certains. En chemin, on croise « les demoiselles de Sigiriya », peintures de courtisanes ou de nymphes selon les avis, réalisées à flanc de rocher. L’ascension se poursuit après la contemplation de ces magnifiques œuvres séculaires jusqu’à la statue d’un lion marquant l’entrée de la forteresse, dont il ne reste aujourd’hui que les pattes, encadrant de nouvelles volées de marches. La récompense lorsque l’on atteint le sommet dépasse les attentes tant la vue offerte est saisissante, surtout à l’aube, avant que les vagues de brumes se dissipent à travers la jungle.
Le règne de Kassapya à Sigiriya aura duré 18 ans, avant que son frère de retour d’exil n’assiège la citadelle et que faute d’approvisionnement le roi parricide se rende sans combattre. Il fut exécuté et le Rocher de Sigiriya abandonné, jusqu’à ce qu’il devienne un lieu de retraite religieuse, comme cela avait déjà été le cas au IIIe siècle av. J.-C., puis abandonné à nouveau…